vendredi 29 septembre 2017

Terre-neuve, suite et fin.

Bonjour,
Nous sommes vendredi matin. Hier, nous avons quitté l'île de Fogo sous une bonne pluie et retraversé la province vers l'ouest, pour éventuellement prendre le traversier ce matin à Port aux Basques vers Sydney en Nouvelle Écosse.
La route est encore une fois longue et monotone. C'est seulement sur la péninsule sud que nous apercevons quelques paysages.

La compagnie Marine Atlantique assure trois liaisons  par jour vers le continent . Le voyage prend sept heures et traverse le golfe St-Laurent. Nous sommes ici à 900 km de St-Johns, la capitale, et TOUS les biens passent par ces traversiers et divers navires , véritables poumons économique de l'île. Des pétroliers assurent également l'apport en carburant.  L'été il y a un bateau qui fait la traversée à partir de St-Johns en 14.00 hres.  Imaginez l'éloignement. Il y a bien sûr l'avion qui complète les liaisons extérieures.
Voici l'immense Highlander qui nous ramène chez nous.


En quittant côte atlantique, une image révélatrice de l'importance de la pêche dans ce pays. Cette carcasse, rappelle que plus de mille naufrages furent recensés au cours des 5 derniers siècles dans ses eaux, dont le plus célèbre est le Titanic.  La vie était dure à Terre-Neuve.

Terre Neuve compte 525,000 habitants, dont la moitié vit dans la région de la capitale St-Johns. Le Labrador compte 25,000 habitants.
L'autre moitié des habitants, pour la plupart vieillissants habitent les petits villages côtiers, subsistant de pêche artisanale et parfois de pêche industrielle. Le tourisme est devenu incontournable, mais l'offre est limitée. Les hébergements sont toujours sympathiques et la nourriture des restos un peu ordinaire sauf exceptions. La morue fraîche compense pour les carences et l'originalité. Le bouffeur québécois est un peu déçu de l'absence de légumes frais. Les tomates par exemple sont rares. Rappelons qu'à part les patates recueillies dans quelques clos privés, tout la bouffe est importée. Agropur par exemple distribue ici presque la totalité des produits laitiers. On a vu en tout trois champs cultivés et quelques élevages de mouton dans tout le voyage.
Terre-Neuve était la province la plus pauvre du Canada jusqu'aux découvertes pétrolières des années 80. Celle-ci apporta une richesse impressionnante. Par contre, le moratoire sur la pêche à la morue déclinante fit très mal aux collectivités côtières. Actuellement avec la chute des prix du pétrole, la situation économique n'est pas très bonne. Le désastreux projet déficitaire de la centrale de Muskrat Falls au Labrador cause un déficit énorme.

Pour la petite histoire, rappelons que l'île de Terre-Neuve révèle la première présence d'européens en Amérique il y a mille ans et cette présence s'est affirmée depuis la fin du 15ième siècle, Les Basques, les français d'abord pour la pêche annuelle puis vers 1498 Cabot qui revendiqua le territoire pour les britanniques. Les portugais y établirent une petite colonie à Burgeo suivi des français à Plaisance près de St-Johns. L'île passa définitivement à la couronne britannique lors du traité de Paris en 1763 suite à la défaite française en Nouvelle France.
Vers 1850, il y eu plusieurs tentatives dans la colonie de promouvoir le self government et celui ci -fut acquis vers 1900. Le dominion de Terre-Neuve obtint en 1927 le territoire du Labrador qui faisait partie du Québec dans une décision inique de la cour suprême britannique.  L'on raconte que plusieurs décideurs britanniques avaient des intérêts commerciaux !!!!!!
Le Québec n'a jamais acceptée cette décision imposée.
En 1930 la grande crise économique fit mal et le gouvernement en banqueroute demanda à Londres de reprendre l'île en tutelle.
En 1949, après la guerre, sous l'instigation de Joey Smallwood, un référendum  fut tenu afin de rattacher Terre-Neuve au Canada.  Par une faible majorité 49/51, le oui l'emporta. Terre-neuve mit comme condition que le Labrador fut définitivement rattaché à la nouvelle province. Le fédéral accepta et le Québec n'eut pas son mot à dire.

Carmen et moi sommes d'avis que la province est un incontournable pour les amis de la nature et pour les amateurs d'un peu d'exotisme. Terre-neuve est l'endroit le plus authentique que nous ayons visité en Amérique du nord.  Les gens sont accueillants et leur culture tout à fait originale. la musique traditionnelle y est encore très présente, un peu comme au Québec.
Nous y reviendrons j'espère....mais en avion.

Notre retour prend quatre jours. La traverse de l'île d'est en ouest hier, le voyage en bateau aujourd'hui et par la suite, deux jours de route à travers la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et le Q.

Merci aux lecteurs assidus et moins assidus, j'ai toujours plaisir d' écrire ce carnet de voyage que je fais d'abord pour moi.


mercredi 27 septembre 2017

Fogo Island, Terre-Neuve.

Bonjour,
Notre voyage s'achève et pour compléter la tournée de la région atlantique, nous nous dirigeons ce matin vers l'Île de Fogo, la plus grosse et ancienne île au large de Terre-Neuve. Fogo pour les terre-neuviens, c'est un peu comme l'île d'Orléans pour les québécois. Un site exceptionnel du terroir, plein d'histoire et de beauté.
L'installation des européens à cet endroit date du 16ième siècle avec la pêche saisonale des français. Jacques Cartier l'identifiât en 1534, mais c'est à partir de 1750 que les britanniques s'y installèrent en permanence.  L'île est à 20 km au large et n'est reliée à la terre ferme que par un système de
traversiers . Son isolement relatif, l'authenticité de ses villages expliquent un engouement certain pour Fogo.

Fogo compte sept villages répartis autour de l'île. Ils ont tous des caractéristiques particulières. L'un est anglican, l'autre est irlandais catholique, un autre irlandais protestant etc. Au centre de l'île il n'y a qu'une forêt inhospitalière. Il y a une certaine époque, les villages n'étaient reliés que par la mer, sans route. Population totale, 2500 habitants.
Tous les villages ont gardé les caractéristiques de l'époque, malgré un certain modernisme inévitable.
La pêche et le tourisme font rouler la machine.
Voici Little harbour vu de la montagne et un quai de pêche typique avec sa remise en bois.



Deux villages retiennent notre attention, d'abord Fogo, chef lieu du canton abrite un port qui fut très actif entre 1850 et 1952.  Le havre est très protégé et cette vue donne une idée de ce site exceptionnel.

On y pêche le crabe, le homard et bien sûr la morue. Nous nous arrêtons discuter avec un pêcheur qui nous explique que la morue est salée 2/3 jours, puis lavée et séchée au soleil un autre 2/3 jours. Elle peut se garder ainsi longtemps. Par la suite, on la fait bouillir pour la manger. Cette méthode date des années 1480 et est toujours utilisée.
Voici la morue salée et les experts qui discutent du séchage.




Les villages sont très anciens et les installations portuaires désuètes, mais fonctionnelles.

Nous arrivons au village de Joe Batt's Arm et apercevons le célèbre Fogo Island Inn. Carmen voulait réserver, mais c'était complet. La nuit coûte $1650.00 cad. Ouf!


Nous arrivons en fin de journée au joyau de l'île, le village irlandais de Tilting. Le plus beau village et le plus authentique. Certains y parlent encore un dialecte gaélique et les drapeaux irlandais flottent partout. Incroyable , on se croirait ailleurs.
L'église St-Patrick avec le drapeau irlandais illustre bien le phénomène.

Les quais anciens sont particulièrement beaux, et les remises teintes en rouge. Les points blancs dans les portes permettaient aux pêcheurs de voir la porte la nuit. Pas bête.



Nous arrivons à l'auberge biens repus de toute cette journée de découverte.
Nous soupons au resto avec deux sympathiques suédoises rencontrées hier à Twillingate. Dodo, car demain il pleut et nous avons décidé de nous mettre sur la route du Québec.
On se reparle dans deux jours.

mardi 26 septembre 2017

Fouilles atlantiques

Allo,
Nous rencontrons toutes sortes de monde dans les B&B. Certains sympas, d'autres plus ennuyeux, Ici à Twillingate by the sea, nous avons les deux. L'ontarien qui sait tout, mais n'a rien vu et l'albertain de Banff, sympathique, curieux et plein d'observations judicieuses. Les muffins maison préparés par notre hôte Hazel sont délicieux. Elle a 74 ans, un peu moins de mémoire, mais conduit son affaire avec efficacité.
Il pleut, et nous décidons de rouler  à 20 km, vers Boyd's Cove, où de récentes recherches archéologiques on permis de retracer un village des amérindiens locaux dont on a déjà parlé, les Béothuks.  Terre-Neuve a installé un musée historique en ce lieu et nous avons hâte de le visiter.


Le musée est très bien fait et rappelle qu'en cet endroit les Béothuks eurent une installation entre 1650 et 1720 environ. On les appelait les hommes rouges, car ils se revêtent de peaux de caribous colorés en rouge. Voici ce que les archéologues de l'université Mémorial de St-Johns on reconstitué à partir des fouilles sur l'installation de ce village.

Ces algonquiens, cousins des Innus/Naskapis du Québec étaient nomades.  Ils vivaientt ici pour l'abondance de nourriture. Rivière d'eau douce, poissons et phoques dans la mer, caribous et autres espèces pour la chasse etc, ce fut l'âge d'or des Béothuks. Malheureusement, toute bonne chose a une fin, et ils prirent l'habitude de se servir de matériaux européens à l'automne, lorsque les pêcheurs bretons repartaient après la saison de pêche. Clous, couteaux abandonnés étaient plus efficaces que les lances et flèches à pointes de silex. Ils n'établirent par conséquent aucun contact avec les européens et lorsque les anglais s'établirent peu à peu dans les havres côtiers, ils furent refoulés dans l'intérieur des terres, coupés de leur alimentation habituelle. Ils furent ainsi dispersés et on ne le dit pas publiquement , mais furent victime de l'hostilité des colons qui les tuaient comme du bétail.  Une honte nationale dont on parle peu ici.  La dernière Beothuk connue, mourut en 1829.
aujourd'hui on dirait un génocide.

Nous quittons le musée,  touchés par cette triste histoire, qui ressemble à bien d'autres aventures d'amérindiens victimes de l'arrivée des européens, et des cowboys de ce monde.
La pluie a cessé, et nous remontons vers l'île de Twillingate pour quand même faire un peu d'exercice et nous dirigeons vers le sentier pédestre de Little Harbour.
Pour y arriver, voici un' petit village typique, au bord de la mer déchainée par le vent . Il y en a des centaines comme celui-ci. Plusieurs ont été fermé par l'état dans les années 70 dans une politique de "Resettlement" de villages non-viables. Plus de 300 villages fermés et 30,000 habitants furent déplacés entre 1954 et  1976 à Terre-Neuve, dans le cadre de cette politique controversée ici.

Ici le village survit à peine, et l'église est abandonnée. Un magnifique édifice en bois.

Nous prenons le sentier, c'est venteux et froid en titi. Notre objectif est une arche de pierre monumentale que nous atteignons au bout de 2 km. Ça valait la peine.

Le bord de mer est déchainé. Il y avait un village ici il y a 50 ans. il fut fermé.


L'égo-portrait familial avant le retour.

Nous rentrons au village et en passant au port, nous observons ces grands navires hauturiers. Ici, sur l'atlantique, la pêche c'est du sérieux. Il ne s'agit pas de pêche côtière comme on en a vu partout, mais la pêche de chalutiers en haute mer avec de solides embarcations. On nous dis que malheureusement cette année, la saison n'a pas été bonne à cause de glaces et icebergs tardifs qui ont empêché la pêche en période autorisée. (Ici la pêche est très réglementée.)

Dernière curiosité, en passant dans le village, je remarque un grand édifice, ressemblant à une église avec l'identification"Loge Maçonnique". Surprise! Une loge maçonnique dans ce pays enveloppé de 3 églises différentes par village ? Eh bien oui les francs maçons sont installés ici à Twillingate depuis 1904...... Incroyable. Notre hôtesse à l'auberge nous confirme qu'ils sont encore actifs. La tenure de l'édifice le confirme. Pas banal. Un mystère à élucider.

Bon, Nous quittons Twillingate demain matin pour l'île mystique de Fogo.
Ne reculant devant aucun obstacle pour faire plaisir à mes amis  amateurs de bière, je rapporte un
six-pack de bière Iceberg,  brassée à  partir d'eau d'iceberg. L'eau de banquise est douce  et j'ai bien hâte d'y goûter.  Je me sens un peu touriste ridicule en l'achetant, mais bon je n'ai pu résister. C'est pour les amis bien sûr.

Ciao à demain.

lundi 25 septembre 2017

Twilingate et l'atlantique.

Bonjour,
Veuillez noter qu'en cliquant sur les photos, on peut les agrandir. Merci Google.
Hier, dimanche, nous sommes partis de Gros Morne vers 9.30 et pris la route centrale (la seule) qui traverse l'île d'ouest en est. J'ai déjà mentionné que les distances sont énormes. Cette traversée de 450 km prendra 6 heures .  Le centre de Terre-Neuve que nous visitons ressemble essentiellement au Parc de la Vérendrye; épinettes, collines, lacs, quelques villages et une ville forestière, Grand Falls.
Par contre, la route est bonne, et la journée se passe plutôt bien malgré un ennui certain.
En cours de route nous croisons plusieurs fois ce drapeau étrange, que je me permet d'expliquer.
Vers 1850, il y avait sur Terre-Neuve beaucoup d'hostilité entre les groupes religieux anglicans, dont le drapeau était rose et les irlandais catholiques dont le drapeau était vert. On en venait aux coups et les chefs religieux anglicans et catholiques décidèrent en accord d'y remédier.
Ils créèrent ce drapeau vert blanc et rose, illustrant les deux groupes unis par une paix blanche au centre. Ce drapeau devint l'emblème de tous les insulaires, ce qui les distinguait du drapeau britannique. L'histoire dit que  la paix revint dans l'île grâce à cette astuce. On en voit souvent le long des routes.

Notre objectif sur la côte est est le village de Twillingate, sur l'île du même nom et relié à la terre ferme depuis seulement 1973.
C'est un endroit touristique, renommé par la beauté de ses paysages maritimes. Elle se veut la capitale des icebergs et il y a plusieurs passages de baleines. On nous dit que l'an passé il y a eu beaucoup de baleines, mais cette année elles se font rares.
Petite anecdote, l'île fut nommée Toulinquet par les pêcheurs bretons dans les années 1600. La pointe de Toulinquet en Bretagne, près de Brest ressemble à ce lieu.  Vers 1800, les anglais s'installèrent à leur tour, mais ne pouvaient prononcer ce mot compliqué qu'ils traduisirent en Twillingate.  Fascinant.
Nous approchons de la région et constatons que sur la côte est, il y a beaucoup plus de feuillus, essentiellement des bouleaux, mais en quantité exploitable. Le climat y est sûrement plus tempéré.

La région est parsemée d'anses et d'îles rocheuses que nous apercevons en se rapprochant de notre objectif.

Le village lui-même est espacé, et ressemble à tous les sympathiques villages côtiers. La vielle école est fermée, mais on en a construit une nouvelle. Il y a beaucoup plus d'enfants ici.

Les bords de mer sont superbes et tout autour  il y a une quinzaine de sentiers balisés.
Ce matin, lundi, Carmen et moi entreprenons un sentier au nord de l'ile avec des vues époustouflantes. Une marche de 7 km en terrain accidenté qui nous mène du phare principal au village de Crows Nest.


Le sentier surplombe des falaises vertigineuses. Vive les bâtons de marche. (merci Catherine)

La reine de la montagne.

Et le roi du goûter.


Et voilà, en finale, deux superbes vues des falaises et des îles de la région.



Nous resterons quelques jours ici afin de profiter au max de ce lieu divin.
Demain? De la pluie!  On verra. Cette nuit, il a fait 4c. et 10c pendant la journée. Avec le vent c'est assez froid. Nous sommes loin de la canicule montréalaise.
Ciao

samedi 23 septembre 2017

Gros Morne # 3

Bonjour,
Dernière journée au Gros Morne. nous irons aujourd'hui au sud du parc, soit environ 90 km plus loin, en contournant le fjord, jusqu'à la fin de la route à Trout River. Il menace de pleuvoir et nous devrons probablement nous contenter de l'avant-midi pour les randonnées.
Le parc est immense bien sûr, mais surtout remarquable par sa diversité géographique. Ports de mer, côtes hachurées, massifs énormes, lacs, fjords, forêts diverses et...un plateau désertique.
Le plateau Tablelands, sépare la baie Bonne du sud du parc. Tout à coup, sur la route, on aperçoit cet immense plateau dénudé. On se croirait soudainement en Arizona. C'est complètement différent de tout le reste du parc.

Le contraste est saisissant.
Nous prenons le sentier au pied du plateau que nous suivons pour quelques km. Pas question de monter, ça représente une journée de travail. Sable roches, rien ne pousse sur ce massif.

Il y a un vent à écorner les boeufs. Petite photo de couple et nous repartons avant la pluie.

Nous lunchons sous la pluie à Trout River,  où il ne se passe rien sauf un peu de pêche. Heureusement, la table de pique-nique était abritée.
La route de retour nous emmène à Woody Point, l'ancien chef lieu de la région, avant la création du parc. C'est très joli. Le soleil se montre et les photographes s'en donnent à coeur joie.

Le phare deWoody Point date de 1919, il était alimenté à l'acétylène , puis plus tard au kérosène. Tous les soirs, le gardien l'allumait et au matin l'éteignait. Tout une époque.

Une maison ancienne de pêcheurs au bord de la mer. Le quai est rattaché à la maison qui abrite le cabanon pour les gréements, Ici sur la côte sud du parc, on pêche surtout le homard.

Splendeur du parc Gros Morne. Il est situé sur la côte du golfe St-Laurent, que nous quittons demain, pour l'est de Terre-neuve, la côte Atlantique,

Et  l'inévitable coucher de soleil sur la plage de Rocky Harbour. Inutile d'ajouter que ce parc est certainement un des plus beaux en Amérique du nord.